Winter Light - Dutchess

Dans les reflets de l'obscurité son corps glisse, danse avec toute la grâce qu'on pouvait lui soupçonner. Ses pas sont léger, sa démarche féline, ses hanches ondulent avec élégance. Et elle s'approche, cette jolie silhouette aux rondeurs féminines alléchantes. Et elle frétille, cette longue queue dont la fourrure, si douce au touché, rappellerait la caresse rassurante de n'importe quelle mère. Bientôt, son visage se dessine, se précise dans la lumière. Et puis il y a ces deux perles bleu pâle qui t'observent avec intérêt, mystérieux mélange de malice et d'innocence. Tu t'y perds, dans ce regard hypnotique, dans cette vague où tout un panel d'émotions défilent à une vitesse folle. Tes mains se posent sur ses hanches, tes doigts glissent sur sa peau de porcelaine, si pure et si parfaite. Doucement, ses lèvres s'étirent pour te gratifier de son plus beau sourire et c'est tout son visage qui s'illumine. Et ces lèvres ! Si lisses et pulpeuses que l'envie te prendrait presque de les dévorer sur le champ. A la place tu te contentes de replacer une mèche de ses longs cheveux gris, en songent qu'ils doivent bien lui arriver sous les fesses maintenant. Tes doigts s'attardent quelques secondes sur ses longues oreilles touffues, en pince délicatement le bout et lui arrache un long frisson. Dutchess est si belle, être emprunt de tendresse et d'élégance. Dutchess est si féminine, avec ses formes pulpeuses et généreuses. Oui, la vie l'aura doté de la beauté, de la jalousie des autres femmes, de la faculté à user de ses charmes.

C'est la liberté qui lui manque et ça tu le sais bien, c'est pour ça qu'à l'instant même où ses mains aux doigts délicats de sont posés sur toi tu savais qu'elle ne désirait plus qu'une seule chose : Que son parfum enivrant brouille tes sens et facilite sa fuite. Dutchess n'aura pas la liberté ce soir-là.

Dutchess est un délicieux poison qui, sans vergogne, s'empare de votre âme pour ne plus jamais la laisser s'échapper. C'est cette beauté hypnotique qui n'a que trop tendance à être usée pour vous pièger, pour vous faire chanter. Mais quel véritable visage se cache donc derrière toutes ces couches de masques qu'elle n'a de cesse de changer ? Dutchess est un mensonge.

C'est qu'on a tendance à se demander ce qu'il se cache, derrière ce sourire candide ou bien ce regard farouche qui l'anime parfois. Une chose est certaine, Dutchess ne vous fait absolument pas confiance malgré les apparences qu'elle veut bien vous montrer. Absolument craintive ou bien encore un peu trop sauvage ? Je ne saurais le dire, toujours est-il que sa soif de liberté ne connait aucune limite. Dutchess est un courant d'air qui s'en va aussi vite qu'il est venu, peu nombreux sont les maîtres qui sont parvenus à la garder bien cloitrée, même dans la plus jolie des prisons. Parce qu'elle est ainsi, Dutchess, farouche et fugueuse, curieuse et rêveuse. Et le monde extérieur, aussi dangereux qu'improbable l'attire comme un aimant. Ne vous méprenez pas, ce n'est pas la forêt ni les sauvages qu'elle abrite qui trouvent grâce à ses yeux, mais bien les rues Londoniennes et leurs nombreux vices. Les ruelles aux passés troubles, le centre ville et ses histoires cruelles, c'est la dureté de ce monde qui éveil sa curiosité. Innocente imprudence ou déni total des dangers encourus en jouant ainsi avec le feu, allez savoir ce qui la pousse ainsi toujours un peu plus vers les interdits. Danser sur la lame d'un couteau, c'est ça qui lui plait.

Alors, inlassablement, Dutchess recherche désespérément cette liberté volée. Elle vous fuit comme la peste, vous manipule, pire, vous ment et tout ça dans l'unique but que vous baissiez votre garde. Hybride, certes, mais loin d'être dénuée d'intelligence, elle connait le point faible des hommes et sait jouer de ses charmes pour vous ensorceler. Dutchess est un mensonge.

Et pourtant, Dutchess elle ne vous veut que du bien. N'allez pas croire que parce qu'elle vous fuit elle vous méprise pour autant et quand ses envies de fugue lui passent elle sait être une esclave des plus appréciable. Polie, munie d'un certain vocabulaire et respectueuse, Dutchess est loin d'être une hybride bien contraignante. Si ce n'est le respect qu'elle éprouve pour elle-même et qui la pousse parfois à refuser, voir s'offusquer de certains ordres. En sommes elle reste plutôt agréable à vivre, même si parfois peu encline à plier l'échine aussi facilement.

Et puis, il y a ce défaut qui peut la rendre tout simplement insupportable. L'amour. Oh oui, Dutchess aime. Dutchess aime de tout son cœur. Dutchess aime à sa façon et c'est bien ça le problème. Quand vous n'avez jamais eu d'exemple de ce qu'est vraiment l'amour, alors vous vous faites votre propre idée. Et malheureusement la manière dont Dutchess conçoit l'amour est erronée. Elle peut tout simplement bien vous apprécier tout en décrétant que vous lui appartenez. Elle est capable de rire et puis d'un coup de se mettre à vous hurler dessus parce que, selon elle, vous ne l'appréciez pas au moins autant qu'elle vous aime. Et c'est alors une Dutchess instable qui se délivre à vous, une Dutchess esclave d'émotions qu'elle ne parvient pas à gérer. Mais rassurez-vous, pour qu'elle vous aime encore faudrait-il qu'elle parvienne à vous faire confiance et je vous assure que ce n'est pas une mince affaire.

Quel masque va-t-elle revêtir face à toi Invité ?

N'oublies jamais, Dutchess est un mensonge.

Hybride impure issue de l'union d'une hybride et d'un humain. Étrange mélange entre deux espèces que tout oppose, mais qui semblent pour autant si proches. Dutchess est une erreur. Sa mère en avait payé le prix fort, pour avoir osé tomber enceinte de son maître, alors qu'elle n'aurait certainement jamais souhaité enfanter dans les conditions aussi misérables dans lesquels elle vivait. Quelle mère voudrait condamner à son enfant une vie de cruauté et de servitude ? Aucune pour sûr, mais une hybride n'avait pas le choix. Et Sassy n'avait pas eu le choix de mettre sa fille au monde, comme elle n'avait jamais décidé de son plein gré de tomber enceinte du monstre qu'était son propriétaire. Et pourtant elle fut battue pour ça. L'injustice fait aussi partie intégrante de la vie d'un hybride.

On aurait pu la tuer à la naissance, personne n'en aurait jamais rien su. Comme personne n'avait remarqué jusqu'à ce jour le déni de grossesse de Sassy et c'est seule non sans mal que l'hybride accoucha dans d'atroces souffrances. Alors, pourquoi avoir laissé Dutchess en vie ? Son maître la tenait entre ses griffes, ses grandes mains robustes s'étaient posées contre son petit crâne si fragile. Il n'aurait eu qu'à la frapper, la faire tomber, lui fracasser la tête contre le mur. Mais Mr Parker n'en fit rien. Allez savoir si c'est les perles bleutés que Dutchess avait hérité de lui qui avaient finit par lui faire pitié, ou si c'était la cruauté de savoir que Sassy ne voulait pas de cet enfant et ainsi l'obliger à l'accepter qui faisait son petit plaisir. Toujours est-il qu'on laissa la vie sauve à Dutchess.

L'origine de sa naissance ne fut jamais ébruitée, Mr Johnson étant conscient que ce qu'il faisait n'avait rien de légal à l'égard de la loi. Sa présence tout simplement au sein de la maison ne fut jamais découverte, ni informé à quiconque. Seuls les autres hybrides de la maison et son vieil ami le professeur Johnson furent au courant de l'existence de cet être. Sassy quand à elle fut obligée d'élever cet enfant, de lui inculquer les bonnes valeurs. C'est Sassy qui obligea Dutchess à devenir une hybride bien docile et obéissante. C'est Sassy qui se mit à la battre lorsqu'elle se montrait un peu trop désobligeante. Mais ne vous méprenez pas, si l'hybride malmenait ainsi sa toute jeune fille, c'était avant tout pour la protéger. Dutchess se devait d'être parfaitement irréprochable. Ainsi elle pourrait éviter une vie de souffrance, sous les coups et les humiliations de ce maître autoritaire. Ce pervers sadique qui n'avait de cesse de prendre du plaisir en rabaissant les autres, qu'ils soient humains ou hybrides.

Seul le professeur Johnson inspirait du respect au maître, Dutchess l'aimait beaucoup. Du haut de ses six ans, elle ne pouvait s'empêcher de s'approcher timidement de lui à chaque fois qu'il venait rendre visite à Mr Parker et de lui sourire quand celui-ci se mettait à lui gratter les oreilles. Le professeur était un vieil homme dont la dureté de la vie pouvaient se lire dans les traits de son visage ridé. Cependant, il avait quelque chose de différent par rapport au maître, Dutchess ne savait pas vraiment quoi exactement, mais ça la poussait à avoir confiance en lui.

Plus les années passaient et plus Dutchess s'embellissait et plus elle avait tendance à ressembler à son père, au grand dam de Sassy. Toutefois, on pouvait se demander qui cela dérangeait le plus au final ? Car Mr Parker avait désormais l'impression de voir son reflet dans le miroir, un reflet hybride qui ne lui plaisait guère. Il fit payer à Dutchess le prix de sa ressemblance en la privant de beaucoup de choses. Au final, elle en fut réduite à dormir à même le sol, à n'avoir qu'un repas par jour et des loques sales en guise de vêtements. Sous le regard impuissant de Sassy, qui se faisant vieille n'osait plus s'opposer à son maître de crainte qu'une pluie de coups ne s'abatte sur elle. Telle une cendrillon prisonnière de la cruauté, Dutchess attendait le jour où quelqu'un viendrait la sauver.

Et qui aurait cru que son sauveur fut son vieil ami, le professeur Johnson, qui en voyant la misère dans lequel elle vivait, décida de payer une forte somme pour la tirer des griffes de son maître. C'est donc avec un certain regret et un grand chagrin qu'à l'âge de douze ans Dutchess abandonna sa mère à son triste sort, mais consciente de la chance qui s'offrait à elle, elle décida de suivre le professeur et savait que sa mère serait fière de son choix.

La vie auprès du professeur fut douce et enrichissante. On lui apprit à lire, à écrire et même à compter. Les bonnes à tout faire, humaines ici, du professeur Johnson se prirent même d'affection pour la petite Dutchess et lui apprirent à bien se tenir et à devenir une véritable lady. C'est une véritable femme, avant même d'être une hybride, qu'on retrouva quelques années plus tard, forte de ses enseignements. Dutchess savait tenir des conversation, avait la grâce et l'élégance, était doté d'une intelligence telle qu'on oubliait parfois qu'elle n'était qu'une esclave, même si auprès du professeur sa vie était bien loin d'être celle d'une esclave.

Malheureusement la vieillesse du professeur Johnson eut raison de lui et en l'absence de famille proche, tout ses biens furent mis en vente. Dutchess, alors âgée de vingt et un ans ne fut pas épargnée et elle se retrouva pour la première fois enfermée derrière les barreaux tel une prisonnière. Elle fut ensuite vendue à de nombreux maîtres, pour sa beauté avant tout, pour son intelligence et sa raffinerie en second. Et elle voyagea de propriétaires en propriétaires, de foyers en foyers avec toujours une seule et même idée en tête : celle de fuir et de découvrir toujours un peu plus Londres et ses mystères. De fugues en fugues, elle finit toujours par se retrouver à nouveau enfermée en animalerie, pour être à nouveau acheter par un maître qu'elle se mettra à fuir au bout d'un mois. Juste le temps de le mettre en confiance. Juste le temps que le mensonge s'installe.

Dutchess est un courant d'air.