Cuty Panda ~ Lunaria

« Lunaaaaa ! »

C’était encore une journée splendide. J’étais accoudée à ma fenêtre, en train de songer à mon avenir. La dame qui m’avait adoptée entra furieusement dans ma chambre, heurtant par la même occasion le vase que m’avait offert ma mère biologique à ma naissance –le seul souvenir que je pouvais avoir d’elle-, qui tomba et se brisa sur le sol. J’étouffais alors un petit gémissement, sans me plaindre encore une fois pour ne pas que la dame me punisse.

« Tu as perdu la tête ou quoi ?! Rester plantée ici alors que des tâches ménagères t’attendent ! »

J’acquiesçais d’un signe de tête, et sortit doucement de ma chambre. Elle me poussa violemment, et je m’étalais de tout mon long sur le carrelage. Une perle de sang s’évada de ma tempe.

« Et tu me nettoiera ce sang ! Je ne veux aucune tâche sur le parquet ! » Rajouta-t-elle froidement.

J’allais ensuite chercher un seau d’eau et la serpillière que je connaissais très bien maintenant. Je commençais à astiquer le sol comme une bonne petite esclave. Le chat de la maison vint me regarder travailler.

« Tu sais, la vie ce n’est pas facile tout les jours ici. Mais bon, j’ai déjà un toit, il ne faut pas se plaindre. »

Le chat me fixa avec ses yeux d’un jaune mystérieux. J’étais ici depuis ma naissance, et je n’avais jamais connu ma mère. Elle m’avait juste laissé ce débris de verre sur le sol de ma chambre, avec un petit mot.

« J’espère que tu trouveras une famille gentille avec toi. Je te souhaite le meilleur. Je sais que, si tu lis ce mot lorsque tu seras plus grande, tu te diras que je t’ai abandonnée. Ce n’est pas ça du tout. Je ne souhaite que le meilleur pour toi, tu sais. Je suis moi aussi esclave d’un homme et s’il apprenait que je t’ai mise au monde, il me tuera, et toi avec. Il est plus cruel que tu ne l’imagines. Ne te laisse jamais abattre. Je t’aime, ma fille. »

Elle m’a donc laissée sur le pas d’une porte. La mauvaise, apparemment. C’était une famille aisée mais malheureusement immonde avec les hybrides. Le mari était plutôt gentil avec moi, mais la dame était infecte. Je ne connaissais même pas leurs prénoms, pour tout dire.

Seul point positif de vivre ici : Ces personnes avaient un fils, prénommé Hektor. Il était très gentil avec moi, et je le considérais comme un grand frère. Lui aussi n’était pas très aimé par le couple. Il ne rentrait pas dans leurs codes, et voulait être libre. Je l’admirais. Il leur tenait tête, parfois.

J’enchaînai les tâches avec une vitesse maximale, sans aucun repos. Une fois que j’eu finis, je décidais d’aller me recoudre l’arcade dans la petite infirmerie de la maison. En arrivant là-bas, je trouvais ma famille d’adoption en pleine discussion avec un jeune hybride. C’était un mâle, d’une belle allure. Il était plutôt costaud et avait l’air bien docile. La dame se tourna vers moi, un sourire ironique sur les lèvres.

« Je suis désolée, chérie, mais on a trouvé mieux que toi. Tu n’as plus rien à faire ici. »

Je regardais Hektor d’un air désespéré. Puis, un monsieur me prit par la taille et me soulevai dans les airs. Il me balança alors dans une camionnette rempli d’autres personnes, d’autres hybrides.

« Hektor ! Je… »

Celui-ci commença alors à crier sur ses parents, à les insulter. Il se débattait, frappait sa mère. Il prit une bouteille de verre qu’il trouva à proximité, et la brisa sur la tête de sa chère et tendre. Puis, la camionnette démarra. Il courût en ma direction, les mains tendues. J’essayai de l’attraper, quand…

Un coup de fusil retentit. Le père avait tiré. Je n’osais pas regarder cette scène. Je pris mon visage entre mes mains, et commença à sangloter, à crier et gémir. Toute cette vie, réduite à néant. Je ne savais pas trop où j’allais, mais plusieurs hybrides m’affirmaient que c’était à l’animalerie. J’étais totalement anéantie.