I'm Teddy Bear

Au début, tout était obscurité, tu ne voyais rien, tout était noir, tu ouvres les yeux. Tu découvres deux silhouettes. Tu ne les vois pas clairement, pourtant, loin de te faire faire peur, elles te rassurent. Tu entends cette voix, d'une douceur infinie ou presque. Tu souris, c'est ton premier dans ce monde. Tu tends ton bras, pourquoi le monde te semble si grand à ce moment ? Tu ne comprends pas sur le moment. Tu es né dans ce monde, tu peux entendre les rumeurs d'une ville, elle semble à la fois si loin et si proche. Tu pleures, et tu sens deux bras te serrer, tu te calmes doucement, serrant comme tu pouvais cette personne qui t'avait donné la vie.

Tu grandis, les silhouettes sont devenues des personnes. Ces personnes que tu nommes tes parents. Tu les aimes énormément. Tu pleures, et tu sens deux bras te serrer, tu te calmes doucement, serrant comme tu pouvais cette personne qui t'avait donné la vie. Tu es un bon garçon. Tu es encore petit par rapport au monde qui t'entoure, mais il est moins que ce qu'il était avant. Tu es rassuré, il te fait moins peur. Tu regardes le ciel, tu ne sais pas pourquoi, mais tu n'aimes déjà pas cette journée. Tu continues tes tâches comme un bon garçon. Dans le silence le plus complet. Tu sens la pluie te mouiller le bout de ton nez. Tu rentres dans l'abri, mais tes jambes sont courtes et tu te trébuches. C'est là que ta vie bascule.

Tu sens des bras te serrer, ils sont loin d'être aussi doux que ceux de tes parents. Tu cries, tu te débats comme un beau diable. Tu les appelles, mais ils ne viennent pas. Tu pleures, tu mords, tu griffes. Tu as beau faire, cette personne te rattrape. Elle t’emmène loin de ton abri. De ton âme, tu cries qu'on t'aide, personne ne vient. Vous êtes les seuls dans cet endroit. Tu es enlevé par un homme qui te revendra. Tu es un hybride, tu as une valeur marchande. Tu n'es pas le plus obéissant des garçons. Tu fuis souvent les cours de cet homme. Il te donne l'ordre de parler, du coup, tu le fais que peu. Que tu n'as pas le choix. Tu voulais retourner avec tes parents. Tu avais besoin de leur mot doux. Tu apprends bien malgré toi à te refermer sur toi-même. Chaque sentiment est utilisé contre toi.

Les semaines passent, les mois suivent et les années aussi. Tu grandis et tu oublies progressivement le visage de tes parents. Mais tu es toujours aussi peu conciliant avec les gens qui t'ont enlevé. Tu sais que ton caractère un peu rebelle fait toi un être plus cher et aussi plus difficile à vendre. Bien entendu. En tant qu'adolescent bien élevé, tu avais craqué pour des jolies demoiselles. Tu avais même tenté certaines humaines qui passaient devant toi. Mais aucune ne semblait succombée à tes charmes. Tu étais définitivement seul. Tu avais que peu d'amis hybrides. Pourtant certains te racontaient que la liberté existait. Tu en rêvais de cette liberté.

C'est par une après-midi pluvieuse qu'elle rentrait avec ces grands airs. Une dames plutôt potelée qui avait pas mal de bijoux. Donc, elle pouvait t'acheter. Tu avais un plan pour t’échapper de cet endroit horrible qu'est l'animalerie. Tu lui faisais ton numéro de charme. Elle était, bien sûr, prévenue de ton côté rebelle, mais elle ne semblait pas pas en être dégoûté, bien en contraire, elle assurait au vendeur qu'elle te materait. Tu penchais la tête. Tu savais que faisait là ton entrée dans un monde de soumission. Elle était-ce qu'on appelait un maître mauvais. Elle t'attachait un collier qui t'étranglait presque. Tu étais déjà un grand, si bien que tu la dépassasses déjà d'une bonne dizaine de centimètres. Elle t'emmenait chez elle. Tu avais un pas vers la liberté, tel était ton état d'esprit.

Tu arrivais chez elle, elle ne te détachait pas pour autant. Tu étais forcé à la suivre. Elle fermait tout à clé. Et se retournait vers toi avec un sourire qui te disait rien de bon. Elle te tirait dans les escaliers. Tu traînais des pieds, tu ne voulais pas monter. Tu aurais dû être plus fort d'elle, mais le collier te privait d'air quand elle tirait dans la direction opposée à la tienne. C'est avec quelques coups dus à ta rébellion que tu arrivais à l'étage, le cou marqué par la trace de ton collier. Elle ouvrait une porte. Tu voyais un nid qui semblait douillet, tu te demandais de quoi il s'agissait. Tu étais poussé vers le nid. Tu savais un peu de chose sur le monde des humains. C'était un lit ? C'était si confortable. Tu fourrais ton nez dans les couvertures. Tu étais bien. Bien vite, elle te ramenait à la réalité en te frappant. Tu grognais un peu.

« Mon petit, tu vas devoir me servir et ton premier service est tout trouvé. Tu as côté sauvage et ça me plaît, surtout au lit. Tu vas me donner ta virginité. Car le vendeur m'a venté ton côté pur, c'est presque mignon.
-Non !
-Tu ne me laisses pas le choix. »

Elle serrait le collier te privant d'air, tu te débattais comme tu pouvais alors qu'elle retirait tes vêtements un à un. Tu étais à limite de l'inconscience quand elle desserrait le collier. Elle te regardait. Tu étais presque nu. Tu paniquais. Tu voulais bouger, mais aucun muscle se semblait répondre. Tu étais obligé de regarder cette femme se dévêtir et le finir ce qu'elle avait fait de toi. Elle t'étranglait encore quand tu grognais. Elle t'avait donné une espèce de pilule bleue. Tu te sentais étrange et cette douleur en bas. Tu n'osais regarder. Tu ravalais ta salive. C'est ce ce jour-là que ton innocence était définitivement perdue. Tu avais ravalé tes larmes. Tu savais qu'elle se lasserait de tout ça. Tu n'avais pas envie. Tu ne regardais pas, tu te faisais frapper, donc tu la regardais.

C'est après ça qu'elle te traînait dans une pièce complètement dévêtu. Elle jetait des vêtements, un uniforme noir digne des serviteurs. Tu te roulais en boule et tu te mettais à pleurer. Tu n'étais pas seul dans la pièce. Un bruit se faisait entendre. Une personne s'approchait de toi. Tu essuyais tes larmes. Mais tu te sentais si sale, si faible. C'était un jeune garçon à la chevelure de feu. Le petit te secouait doucement. Tu te repliais sur toi-même. Tu avais peur que lui aussi fasses des choses. Tu fuyais. Tu te mettais dans un coin. Le garçon ne semblait pas abandonné.

« Laisse-moi ! »

Ton cri était brisé par le collier qu'elle avait serré tant de fois. Il te le détachait un peu. Tu te sentais libre. Mais tu te sentais si sale. Tu ne voulais pas qu'il te touche, tu allais lui donner ta salissure. Tu reculais autant que tu pouvais ? Sentant ton malaise, il te prenait la main et t’amenait dans une salle d'eau. Il te laissait seul. Et là, tu repleurais alors que tu te débrouillais pour savoir comment ces choses fonctionnait, heureusement, tu n'est pas bête. Tu te lavas vigoureusement, peut-être trop, car ta peau d'habitude légèrement brune était rouge écrevisse. Tu restais un moment sous l'eau, espérant disparaître de ce monde. Comment allais-tu sortir de cet endroit, comment le verraient les gens ? Et les filles ? C'était juste ça qu'elles désiraient. Tu étais perdu, définitivement. Tu ne sortais pas de cet endroit. Si bien que le garçon te sortît là. Il t'habillait avec lenteur. Il te laissait après ça. Tu étais comme muet. Et bien que tu manges peu. Tu sembles satisfait, de toute façon, tout te dégoûte.

Les jours passent et le plus jeune semble moins touché que toi par la cruauté de cette femme horrible, sûrement trop jeune. Tu la sers, tu n'as pas le choix. Elle te menace qu'elle recommencera si tu ne le fais pas. Tu ne veux pas, donc tu fais tes tâches sans rien dire, ni grogner. Ton souhait de partir semble irréalisable. Tu es souvent appelé pour nettoyer à moitié nu la chambre de l'horreur. Tu sais qu'elle te regardait. Tu revenais toujours de cette tâche, dégoûté, et passait des heures dans la salle d'eau. Le plus jeune tente toujours de te faire parler, il te taquine, il te dit des choses qui te semblent avoir ni queue ni tête.

« Je suis Yoru. Je suis ton ami.
-Ami ? C'est quoi ?
-Quelqu'un qui est là pour toi quand tout va mal, mais aussi quand tout va bien. J'aurai jamais cru que la vieille serait autant crainte. Elle a fait pire que te frapper, toi. Tu peux tout me dire. Je ne vois pas à qui je le dirais de toute façon.
-Yasu Karuma.
-C'est quoi ça ?
-Mon nom.
-Peu causant, ce n'est pas grave, je parlerai pour deux. »

C'est ainsi que le rouquin s'imposait dans ta vie. Toujours là pour te dire des choses pas toujours intéressantes, mais tu l'écoutais autant que possible. Mais souvent, tu n'étais pas tellement disposé à être une bonne oreille à ce qu'il disait. Tu étais écœuré par ta situation. Tu ne mangeais pas assez.

Une farce du rouquin vous sauvait tous les deux. Une inondation qui vous obligeait à être dehors de la maison de cette femme. Grâce à la ruse et la fourberie, tu t'enfuyais, loin de cette femme. Tu tenais le roux avec toi. Tu ne savais même pas pourquoi tu l'emportais avec toi. Il te cassait souvent les pieds. Il parlait trop. Mais il avait été là pour toi et tu lui en es reconnaissant pour ça.

A présent, tu vis libre avec lui. Tu as rejoint les rebelles. C'était une évidence pour toi. Tu as du mal à avouer que les femmes ce n'est pas vraiment ton truc. Tu as du mal avec ce côté de ton être. Tu n'y es pas habitué. Tu lui dois ton salut, il te parle souvent. Il te rassure, juste par sa présence. Il est ton point d'encrage.