Diane Sorbonne

Pour parler d’emblée de son environnement lors de sa socialisation primaire, Diane a comme ascendants des parents ayant une vie aisée. Elle vit dans une chic banlieue britannique avec ses deux parents, quoique leur espace privé respectifs soient bien distincts. Elle n’avait nullement conscience de son habitat favorisé socialement, m’enfin vous me direz que durant la petite enfance c’est normal. Elle a ainsi construit sa vie, ou plutôt on lui a établit des normes sociales et hiérarchiques à assimiler et intérioriser, sans qu’elle en comprenne vraiment le sens : éviter les quartiers des « pauvres gens », ne pas aller au marché aux puces car on y trouve des « gens sales et frauduleux », ne sourire et faire les « yeux doux » qu’aux « personnes haut placées ». Des termes qui n’avaient aucun sens pour Diane, et qu’on appliquait de ce fait pour elle. Mais lorsque ses parents s’absentaient, elle était confiée aux soins de ses nourrices. Par chance pour l’avenir de la jeune Diane, ces dernières étaient totalement l’opposé de ses parents de part d’une part leur origine sociale, d’autre part – cela va de pair avec la première cause – de leurs idéaux sociologiques. Elles étaient persuadées, puisqu’elles venaient de ce milieu, que l’habitus des « pauvres » portait des attraits nobles d’esprit et sincères de cœur. Elles encourageaient donc tout naturellement l’ouverture de la petite bourgeoise au monde, au vrai monde, en non pas uniquement celui d’où elle est née. C’est ainsi, en allant vers ses treize ans, qu’elle commença à ouvrir les portes qu’on lui avait déconseillé, voire interdit l’accès. Elle découvrit une toute autre société que celle d’où elle provient, avec ses normes bien à elles. Et elle a adoré. La gentillesse, la bonté, la sincérité, le travail acharné de ces gens plus humbles l’ont touchée et conquise. Elle s’émerveillait de constater qu’une telle animation, activité, avait lieu juste derrière ces remparts immatériels que ses parents avaient érigés autour d’elle. Elle décida quelques années plus tard, à l’aube de ses dix-huit ans, et après maintes recherches fondées et découvertes intrigantes mais bienvenues sur ces gens, de tout avouer à ses parents, ceux-ci à qui ses nourrices et elle avaient mis tant d’effort  à ne pas se faire démasquer lors de leurs « excursions ». Ils la déçurent terriblement. Après s’être insurgés, ils renvoyèrent ses nourrices si chères à son cœur, et lui tournèrent le dos. Toutefois, ils souhaitaient conserver un œil sur elle, et la lui firent bâtir un appartement au-dessus du leur, afin de ne pas l’expulser en territoire inconnu à leurs yeux non plus. Elle ne comprenait pas leur répugnance à l’égard des gens moins riches qu’eux, mais haussait les épaules. Elle n’allait pas fait une histoire alors qu’elle était en fait réellement libre maintenant, avec son appartement, qu’elle put décorer selon ses envies à elle. A vingt-deux ans, elle devint gérante d’une entreprise dans le social, qui aidait les personnes dans le besoin financièrement. Elle en était très fière de ce poste : elle avait été repérée par le directeur, lorsqu’elle rendait visite aux enfants pauvres et leur offrait des glaces et des livres de Jules Verne. Une femme au grand cœur à qui le bonheur et la sérénité de ces gens comptaient réellement, voilà ce qu’il voulait.