Duncan Murray (Terminé)

Il y a trente ans, sur les plateaux des highlands, naquit Duncan, deuxième enfant d’un couple sans histoire. Il a eu une enfance pour le moins banale, taquiné par son grand frère Andrew, aimé par ses parents, choyé par ses grands-parents…
C’était un gamin plutôt intelligent, sportif, doué à l’école, attentif en cours. Il ne s’intéressait pas aux filles, ce n’est pas l’âge me direz-vous, et elles ne s’intéressaient pas à lui.
Ce fut un peu plus dur pour lui au collège. Duncan était une grande perche, fin et très grand, il semblait ne pas savoir quoi faire de ses bras qu’il laissait pendre mollement le long de son corps, alors qu’il se voutait légèrement pour paraitre moins immense par rapport à ses petits camarades. Le rouquin avait déjà une épaisse tignasse bouclée, il était souvent la cible de railleries, et son côté premier de la classe n’aidait pas franchement niveau popularité.
Arrivé au lycée, il intégra l’équipe de rugby. Personne ne croyait franchement en lui, la crevette n’avait aucune chance de survivre à un seul match. Mais ils se trompaient. Bon, effectivement, il ressortit de son premier match comme d’une machine à laver en mode essorage, mais il tint bon et s’endurcit rapidement. Il commençait à se muscler, à prendre de la masse, à s’étoffer.
C’est également à cette époque qu’il connut ses premiers émois amoureux. Pas très populaire, il réussit tout de même à faire tomber une ou deux minettes dans ses filets. Premiers émois bientôt suivis des premiers tourments. Rien de semblable à ce qu’il connaitrait plus tard cependant.
C’est également à cet âge qu’il monta un groupe de punk-rock avec des copains, qu’il expérimenta ce qu’il y a à expérimenter à cette période…

Quand il fut temps de choisir une orientation pour ses études supérieures, c’est sans grande hésitations qu’il partit dans le domaine médical. Il quitta le nid familial pour vivre sa vie d’étudiant à Edimbourg. Deux premières années d’enseignement général, mais également de nouvelles rencontres, de fiesta, de beuveries, de punk-rock, et de nanas.
Duncan profitait de la vie et il tombait de haut quand de petits drames familiaux venaient troubler son quotidien.
Durant sa deuxième année, ses deux grands-mères perdirent la vie à quelques mois d’intervalle. Le jeune homme qui y était très attaché le vit très mal, se calmant sur les fêtes et les sorties, tentant de rentrer plus souvent pour profiter de sa famille pendant qu’il en avait encore le temps. C’est au même moment que son grand frère traversa les royaumes unis pour s’installer à Londres pour finir ses études.

Sa troisième année d’études, plus spécialisée, fut un peu mouvementée. Il travaillait comme un damné avant ses partiels et se calmait toujours d’avantage sur la vie étudiante, comprenant qu’il ne pourrait pas tenir ce rythme indéfiniment. Pour se défouler, il allait à d’avantage d’entrainements de rugby.
Dans les mêmes temps, son frère tomba malade. On lui diagnostiqua un cancer. L’année fut rude pour le cadet, mais plus encore pour l’ainé. Andrew avait un lourd traitement, mais semblait bien s’en sortir.

En quatrième année, Duncan descendit lui aussi à Londres pour y poursuivre ses études au côté de son frangin. La santé d’Andrew n’était pas au beau fixe, il remontait la pente, puis rechutait. En tout, il fit trois rechutes sur 2 ans. La dernière fut la pire, pour avoir une chance de s’en tirer il devait tenter une greffe de moelle. L’auto-greffe n’ayant pas été concluantes, les médecins se sont tournés vers Duncan, heureusement compatible. Le jeune homme donna sa moelle à son frère, et l’histoire se finit relativement bien. Andrew passa 6 mois alité dans une chambre stérile,  et une fois sorti dû se réhabituer à marcher, monter des escaliers sans faire de pauses, manger solide. Il dû reprendre du poids, se remplumer, prendre sur lui et patienter jusqu’à ce que ses mains arrêtent de trembler et qu’il puisse enfin refaire des activités manuelles ou encore manger ses céréales sans mettre tout le lait à côté. Duncan le soutenant dans toutes ces épreuves.

Dans le courant de sa cinquième année, Duncan se pencha sur le cas des hybrides. Il était un peu tombé dessus par hasard, ne s’était jamais franchement posé la question de leur existence au par avant. C’est en voyant comment certains étaient traités qu’il décida de se spécialiser et de laisser tomber la médecine classique pour se tourner vers celle des hybrides. Concrètement, les études étaient très proches, l’équivalence était simple à obtenir et il lui suffisait de se spécialiser sur ses deux dernières années d’études.
C’est également durant cette année qu’il rencontra Madlyne, mais sa version de l’histoire est de loin la meilleure :

J’étais invité à une soirée après les partiels. Un pote de ma promo nous avait planté le décor « Ce soir, grosse chouille à l’appart ! Ne comptez pas rentrer chez vous avant le lendemain matin ». On était prévenus. Il y avait un monde fou à la soirée, des types de médecine et véto, d’autres de bio et de chimie.., je pensais pas que son appart avait une telle capacité d’accueil. Il y avait pas mal d’alcool aussi… On va pas se mentir, je me suis mis la tête à l’envers. La soirée était déjà bien avancée quand je me suis écroulé sur le canap.
J’ai été réveillé par des rayons de soleil qui passaient entre les rideaux. J’ai mis un certain temps à me demander où j’étais. J’avais froid, je m’étais endormi comme une masse… J’ai regardé autour de moi, il y avait une bonne dizaine de personnes endormies sur le tapis ou dans les fauteuils, et là j’ai vu, à l’autre bout du canapé, une petite nana roulée en boule dans un plaid. Sa peau opaline était légèrement rose au niveau de ses pommettes, elle avait des restes de maquillage sous les yeux et au coin des lèvres et ses cheveux s’étalaient sur le cuir du canapé comme un champ de blé. Je l’ai vue remuer un peu, j’osais pas bouger d’un pouce. Elle a fini par ouvrir les yeux. Ils étaient fatigués, cernés et son maquillage avait un peu coulé, mais ils m’ont scotché sur place. Elle avait les yeux d’un bleu… J’étais sur le cul. On ne se connaissait pas, et pourtant on était seuls au monde, tout le monde dormait autour de nous. On a commencé à discuter en chuchotant pour ne pas réveiller les autres. On a fait connaissance. On s’est revus pour boire un café, prendre un petit déj, puis faire quelques soirées, un restau par-ci par-là, puis un petit film en tête à tête à la maison… C’était le début d’une bien belle histoire…

Duncan était tombé sous le charme de Madlyne en un regard, et depuis ce jour il se pliait en quatre pour faire son bonheur, définitivement amoureux.
Ils s’installèrent ensemble alors qu’il entrait en sixième année, et c’est un an plus tard, quand il avait 25 ans qu’une surprise leur tomba dessus. La jeune femme tomba enceinte. Une erreur, il faut bien l’avouer, cette grossesse n’était pas désirée, et pourtant ils décidèrent de garder le bébé. Ils accueillir une petite fille, Fiona, deux mois à peine avant leur concours final. Ils profitèrent de l’été qui suivit pour se marier.

Tous deux décrochèrent leurs diplômes respectifs. Jeunes parents, l’un s’installa dans une clinique vétérinaire et l’autre travaillait à mi-temps dans un grand laboratoire pharmaceutique. Ils vivaient heureux tous les trois, et trois ans plus tard, ce sont des jumeaux que Madlyne attendait. Abby et Maureen virent les rejoindre dans leur petit cocon familial.
Leur doux bonheur ne dura que deux ans supplémentaires. Pour des raisons qui ne regardent qu’eux, Duncan et Madlyne se séparèrent. Un divorce, un passage devant le juge pour mettre en place une garde alternée, et une vie à poursuivre malgré tout.